RP: Les symboles perdus

Tout tournait au ralentit dans la tête de Juichi. C'était fini. Yumé sa meilleure amie, s'était jetée pour le protéger. Elle en était morte. Tout se qui était arrivé était de sa faute, elle avait du le suivre après les cours. Le désespoir montait en lui. Mais pas que le désespoir... Alors qu'il la voyait à terre, sa colère le submergea, sans même bouger, il envoya une onde de choc sur le policer. Ce dernier traversa tout le hangar avant de s'écraser contre un conteneur. Juichi se mit à genoux devant son amie et la retourna. À son soulagement elle n'avait rien, mis à part le trou qu'avait laissé la balle dans son uniforme. Il l'appela, mais elle était complétement sonnée, et regardait tout autour d'eux. Juichi était perdu en voyant l'expression du visage choqué de son amie. Cependant, il n'avait pas le droit de se laisser aller, ils n'avaient pas le temps pour ça. Yùu est blessée et l'autre abruti aussi.. Je dois nous faire sortir d'ici! Il compta de nouveau jusqu'à cinq, puis plaça Yumé sur son épaule droite. Il eut un petit sourire en pensant que plus tard Yumé serait morte de honte de s'être faite porter. Mais il n'avait pas le choix. Juichi se tourna vers Kaname. Je place Yùu sur mon épaule et avec mon autre bras je vais tirer un peu Kaname... ça devrait le faire, j'espère que ce salaud n'est pas trop lourd! Il s'avança vers son ami mais celui-ci l'arrêta.

- Ju fait pas le con... Tu vois bien que tu vas déjà avoir du mal à courir en portant la petite. Barre toi sans moi. Je m'en tirerais, les flics sont pas salaud au point de tirer sur quelqu'un de déjà blessé.

Juichi le regarda quelques secondes, puis répondit:

- Comme tu veux.

Kaname sourit, alors qu'ils commençaient à s'écarter il dit enfin:

- Et pardon de t'avoir entrainé là dedans...

Abruti...

Juichi commença à courir, Yumé toujours sur son épaule, il ouvrit la porte par laquelle il était entré, et continua dans la ruelle. On entendait encore quelques coups de feux provenant du hangar. Alors qu'ils arrivaient dans la rue principale, quelqu'un lui tapota sur l'épaule.

Yumé avait frappé au niveau de l'épaule gauche. La suite est assez confuse... La jeune fille se souvient avoir vu son ami au dessus d'elle mais n'avait pas pu distinguer l'expression de son visage, elle se doutait qu'il devait être furieux car elle les avait suivis mais sans plus. Puis elle se souvint avoir quitté le sol et le hangar. Reprenant ses esprits elle tapa doucement le dos de Juichi pour qu'il s'arrête. Une fois les pieds au sol, elle remit en place son uniforme, ou tout du moins ce qu'il en restait, puis fixa le jeune homme devant elle. Sa main partit toute seule et attérit sur la joue de son ami qui la regardait avec un regard plus qu'interrogateur.

- Comment as-tu pu faire une chose pareille !!! s'emporta-t-elle. Tu fais du trafic de... de drogue !! mais t'as perdu la tête ou quoi !! Je ...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase car au loin les sirènes de police retentissaient. Il était temps de courir pour le plus grand malheur de Yumé. Elle chercha à toute vitesse un endroit à l'abri des regards et au calme. Elle se souvint qu'elle et Juichi allaient souvent pendant les vacances dans un coin près d'une rivière pas très loin d'ici. Elle prit donc la main de son ami et partit en courant.

- On va à la rivière se cacher et tu pourras tout m'expliquer.

Puis elle se tut pour garder sa respiration constante. Une fois arrivés près de la rivière elle s'arrêta face à Juichi et attendit ses explications.

Juichi réfléchissait à toute vitesse, il savait que Yumé voulait des explications mais il lui expliquerait en détail plus tard.

- Non, je fais pas de trafic...

Devant se regard interrogateur, il se sentit obligé de continuer.

- Bon je t'explique vite fait Yùu. Kaname ma demandé de l'accompagner à un rendez-vous, j'ai pas pigé pourquoi faire au départ mais ça avait l'air banal même s'il m'a dit que c'était important. Je me suis pas méfié... La dernière fois pour mes 14 ans, il m'a trainé dans une boite de str...

Il s'arrêta là, gêné. Ca... elle a pas besoin de le savoir...

- Enfin bref... ça s'est révélé être un trafic de drogue...

Il repartit dans ses pensées. Échapper à la police pour quelques heures, c'est facile. Mais là faut qu'on se fasse oublier. Ce qu'on a fait est grave. Un policier a vu nos pouvoirs, le bouclier de Yumé qui lui à sauvé la vie et l'onde de choc que j'ai balancé. Yumé poussa un petit soupir et baissa la tête, Juichi se rendit compte que la course l'avait épuisé. Il lui prit la main et lui demanda.

- Hey... Yùu est-ce que ça va...?

Alors il n'y est pour rien... tant mieux, je n'aurais pas aimé que mon seul ami se révèle être un trafiquant, j'aurais vraiment fini seule... Yumé fit celle qui n'avait pas comprit que ce Kaname avait fait pour l'anniversaire de ses 14 ans, cela avait peu d'importance en fait. LA SEULE chose importante c'est qu'ils étaient tous les deux vivants, mais dans une fâcheuse posture. La police les recherchait et ils devraient sans doute se cacher quelques temps. A cette pensée Yumé eu une soudaine envie de pleurer. Pour éviter de craquer devant Juichi elle poussa un léger soupir et baissa la tête, mais ce dernier le remarqua et lui demanda ce qui se passait en lui prenant la main. C'était trop. Trop pour une jeune fille de 15 ans qui ne savait pas grand chose de la vie à part son train-train quotidien de collégienne. Les larmes se mirent à couler abondamment sur ses joues et elle se refugia dans les bras de son ami sans même s'inquiéter de ce qu'il en penserai.

- J'ai ... J'ai peur ... tellement peur... que va-t-il nous arriver ...? que va-t-on devenir ...? J'ai peur ... hoqueta-t-elle.

Elle ne s'inquiétait pas uniquement pour elle et Juichi, elle avait peur pour son oncle et pour la mère de son ami, pour eux et pour tout les autres.

Il resta sur place, la laissant pleurer. Il n'était pas étonné de voir Yumé fondre en larmes bien au contraire. Il la prit dans ses bras et doucement, il lui caressa les cheveux, après quelques instants il lui murmura à l'oreille.

- Ne t'inquiète pas pour la suite Yùu. Je m'occupe de tout... Tout ce que tu auras à faire. C'est de ne pas me lâcher. Okay?

Sans même attendre de réponse il lui leva le visage, elle était vraiment belle même si elle continuait à pleurer. Il poursuivit.

- Tout va bien se passer... Fait moi confiance.

Yumé lui sourit et acquiesça de la tête. Elle s'écarta bien vite, et rougit immédiatement l'air confuse. Vu sa tête Juichi rigola.

- Hey, c'est pas un crime de faire un petit câlin.

Alors que Yumé s'apprêter à répondre, une voix se fit entendre.

- Alors vous étiez là...

Juichi se tourna et son amie vint se blottir contre son épaule.

- Toi...

Il avait tout de suite reconnu, cette personne qu'il détestait tant. Après tout c'était normal qu'il soit là. Son beau-père était capitaine d'une petite section de la police de la ville. Et de toute évidence il était à leur recherche. Tin' je suis un abrutit, il sait que je viens souvent ici! Faut qu'on se bouge, je le laisserait pas toucher à Yùu. Juichi esquissa un pas de coté mais son beau-père l'arrêta.

- Fais pas l'imbécile et écoutez moi. La police de toute la région est sur vos traces, ton "ami" Kaname vous a dénoncé et vous êtes suspectés d'être les responsables du trafic.

- Arrête le vieux, tu sais très bien qu'on y est pour rien. J'ai juste suivi Kaname. Rien de plus. Quand on a vu que c'était un trafic on s'est bar..

- Pas besoin de tes excuses Juichi, je sais se qui s'est passé. Mais on a pas de preuve. Un policier a été tué lors de l'assaut et un autre grièvement blessé.

Juichi et Yumé restèrent bouche bée devant ses affirmations. Son beau-père continua.

- Écoute ce que je vais te dire n'est pas facile, mais le policier qui est blessé affirme vous avoir vu, avant de se faire soulever par une force et projeter contre un container. Il dit aussi avoir tirer sur la jeune fille mais que cette dernière n'était pas blessée. Apparemment il a dit vrai...

Il examina Yumé puis reprit.

- Jùu... Je sais ce que tu es capable de faire. Je sais se que tu as fait. Mais c'est dangereux ici pour toi. Je te demande de partir, pour ta sécurité mais aussi pour celle de ta mère. Tu sais bien qu'elle est faible, s'ils t'attrapent et que tu vas en prison, ta mère ne le supporterais pas. Tiens je t'ai prit un billet pour Paris. Ce soir, à 21h30...

Juichi baissait la tête, il réfléchissait. Sa proposition n'est pas si mal, je voulais m'éloigner quelques temps. Voilà ma chance.

- D'accord le vieux. Mais... Je te jure que, quand je serais quitte avec cette histoire, si j'apprends que t'as encore fait le con, je reviendrais chercher ma mère.

Son beau-père lui donna le billet ainsi que de l'argent. Puis il mit maladroitement sa main sur l'épaule de Juichi et fit un sourire à Yumé. Il s'écarta alors et lança un adieu. L'adolescent murmura.

- Espère pas trop le vieux...

Il compta rapidement l'argent, puis se tourna vers Yumé.

Anju écoutait la conversation de Juichi et de son beau père. C'était la première fois qu'elle le voyait, c'était un homme imposant qui dégageait quelque chose de fort, elle comprit pourquoi la mère de Juichi s'était remariée avec lui et aussi pourquoi son ami le l'aimait pas. Leur discussion dura un petit moment. Elle avait réussit à se calmer et à tenir bon lorsque l'homme était là mais elle se remit à pleurer quand il fut parti. Partir. C'était le seul mot qu'elle avait retenu, le seul. Partir. Mais pour aller où ? Partir pour fuir une chose dont ils étaient innocents. Elle trouvait cela injuste. Elle sécha ses larmes ne voulant pas passer pour faible devant son ami et dit entre deux sanglots :

- On passe à l'appartement, je vais avoir besoin de quelques affaires avant de partir. Et puis il va me falloir de l'argent pour mon billet...

Elle essayait de se montrer forte mais plus l'appartement se rapprochait et plus les larmes lui montaient aux yeux. Elle ne vit pas le gardien de l'immeuble la regarder d'un air inquiet. Elle appuya machinalement sur le bouton de l'étage où elle vivait et c'est presque sans s'en apercevoir qu'elle passa la porte de sa maison, ouverte. Elle eu un hoquet de stupeur en voyant une forme ressemblant à son oncle dans le couloir. Elle essuya ses yeux et avant qu'elle eut le temps de dire quoi que ce soit il dit d'un ton doux :

- Je savais que ses étranges pouvoirs finiraient par attirer des ennuis, mais de là à se que vous soyez obligés de partir loin d'ici...
- Comment ... commença-t-elle
- Je suis au courant ? Un policier est venu me trouver et m'a dit que ma nièce avait des problèmes. Je ne l'ai pas cru mais il a ajouté que son fils en avait également, son fils c'est toi Juichi. Il m'a donné des instructions que j'ai suivi et je suis rentré vous attendre. Yumé j'ai rassemblé quelques affaires pour toi dans ta chambre, va vérifier si tout y est.

La jeune fille s'exécuta sans un mot reconnaissante de la compréhension de son oncle.

- Je te confie ma nièce tu as intérêt à ce qu'elle soit heureuse et qu'elle reste en vie.

Yumé revint rapidement coupant son oncle dans ses paroles. Ce dernier lui donna une enveloppe contenant un billet pour la France et un porte-feuille rempli d'argent. La séparation fut difficile pour Yumé, quitter sa seule famille était dur surtout qu'ils n'étaient pas sûrs de se revoir un jour. Elle laissa donc Juichi la guider jusqu'à l'aéroport, enregistrer son sac et faire valider leurs billets. Ils prirent place dans l'avion. Durant tout le trajet, elle ne dit rien. Pas un mot, un son, rien. Elle regardait les nuages à travers le hublot en pensant. En pensant à sa vie passée et à celle qui était à venir. Lorsque l'avion se posa, ils sortirent doucement pour ne pas se faire bousculer par les plus pressés, elle réccupéra son sac et prit la main de Juichi, elle le regarda droit dans les yeux sans laisser son regard vaciller et dit:

- On s'en sortira.

Et c'est main dans la main qu'ils sortirent de l'aéroport français en se dirigeant vers un avenir incertain.

La visite du château était terminée depuis un moment, mais Tonimis avait mal aux jambes à force de marcher. Il avait tenté de retenir tout ce qu'Altaïs lui disait, mais certaines choses lui avaient échappé parce qu'il réfléchissait au démarrage de sa nouvelle vie. Lui, orphelin perdu dans les rues, avait trouvé une fille avec qui il avait un point commun, et pas n'importe quelle fille, c'était la fille adoptive d'Antoine, membre du célèbre groupe MAGIC. Rien que cela laissa Tonimis rêveur, mais il se reprit vivement et posa une question à Altaïs:

_ Dis-moi, je t'ai montré mon don... Alors est-ce que tu veux bien me montrer le tien ? Je sais que tu parles aux animaux, mais le voir serait plus impressionnant. Tu veux bien ?

Tonimis fit la tête de chien battu et attendit qu'elle réponde.

Une fois la visite du vaste château achévée, Altaïs guida une fois de plus son invité, paour qu'ils se rendent dans leurs chambres, puisqu'elle savait qu'Antoine les y retrouverait facilement. Les deux adolescents s'étaient assis sur le lit qu'une servante avait pris le soin de faire durant leur absence et elle avait laissé deux verres et un pichet d'eau dont ils se servirent. Ils tenaient une conversation agréable, puis après un court silence Tonimis invita la jeune femme à lui montrer son don.

"Ne fait pas une telle tête! Je vais te le montrer, tu l'as fait pour moi donc je dois pouvoir te faire confiance aussi!"
Ataïs avait dit tout cela le sourire aux lèvres, cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas eu l'occasion. Elle allait maintenant devoir montrer son don pour la première fois à un être humain. *Au moins ça va me préparer pour quand Antoine voudra que je lui en fasse la démonstration, et puis je sais que je vais faire plaisir à Tonimis comme ça.*

L'adolescente s'approcha donc de la fenêtre où elle savait trouver la mésange, étant donné qu'elle avait fait son nid dans l'arbre face à sa chambre, qui est voisine à celle du jeune homme. Ayant aperçu son amie ailé, elle l'invita à rejoindre son épaule et à venir parler. Puis, elle apaisa les craintes du volatile vis-à-vis de la présence de l'inconnu.

Tonimis vit l'oiseau se poser sur l'épaule d'Altaïs et quand il se mit à piailler, il crut que l'oiseau s'inquiétait de sa présence en ces lieux, mais l'impression fut subtile. Mais il n'était pas réellement satisfait, après tout, l'oiseau pouvait très bien considérer cette chambre comme une seconde maison et rentrer dès qu'il voyait Altaïs. Alors il lui demanda:

_ Ne pourrait-il pas faire quelque chose que tu lui demanderas de faire ?
_ Tu ne me fais pas confiance, observa son amie.
_ C'est juste que ma vie m'a obligé à me montrer prudent face aux arnaques...
_ Je te comprends, je vais lui demander de détacher le ruban que j'ai dans les cheveux, ça te va ?
_ Excellent.

Tonimis était impatient de la voir à l'oeuvre.

Altaïs s'adressa tout simplement à l'oiseau comme à son habitude:
" S'il te plait, décroche le ruban qui retient mes cheuveux, puisqu'il est léger je te charge de le déposer sur l'épaule de Tonimis, dont tu viens de faire connaissance".
* D'accord, je le fais! il va être étonné de l'agilité de mes pattes avec ce noeud*
"Je compte sur toi" ajouta Altaïs, ravie de voir Tonimis désorienté par les piallements incompréhénsibles auquels elle répondait. Comme si elle tenait une conversation avec tout autre être humain.

La mésange s'exécuta, ne pouvant la regarder faire l'adolescente observait discrétement la réaction de Tonimis. Elle sentit ses cheveux légers se relacher dans son dos silencieusement. L'oiseau en ayant terminé avec le noeud, Altaïs se retourna pour faire face à son ami, qui se retrouva avec un ruban à cheveux sur l'épaule.

*J'ai réussi!*
"C'est bien, je savais que tu réussirais!"
Puis la mésange, se posa à nouveau sur son épaule.

"Alors? Satisfait?"

Tonimis resta un moment sans rien dire, puis il s'exclama:

_ C'est impressionnant, tu discutes avec des animaux alors que vous n'avez pas le même langage. Avec un don pareil, tu peux faire des tas de choses, alors que moi...

Il avait prononcé ses derniers mots d'un voix si basse qu'Altaïs n'entendit rien du tout. Puis, elle s'approcha pour récupérer son ruban et s'assit juste à côté de lui si bien qu'il réprima un mouvement de recul. Il n'était pas habitué à ce que les gens viennent aussi près de lui sans avoir de mauvaises intentions.
Altaïs sentit que son ami était heureux et décida de lui faire encore plus plaisir:

_ Tu veux entendre l'oiseau toi aussi ? Je peux essayer, mais je ne garantis pas le résultat.
_ J'adorerai !

"Dans ce cas prends ma main, c'est plus facile d'avoir un contact pour communiquer, on se 'cherche' moins et comme l'oiseau est sur mon épaule ça devrait fonctionner."
Même Altaïs avait perçu son mouvement de recul elle ne s'en offusqua pas, comprenant que ce n'était pas dans ses habitudes. C'est pour cela qu'elle avait choisit de lui expliquer les choses, pour qu'il ne soit pas surpris.

"_Prêt?
_Prêt!
_ *Prêt!*"

L'adolescente se concentra pour que cette expérience réussisse et entra en transe, y entrainant Tonimis comme elle l'espérait. Les deux jeunes étaient totallement coupés de leur environnement tant leur concentration était intense.

"_ Maintenant, Tonimis si tu m'entends, parle avec la mésange, elle t'attends et t'écoute."
Altaïs pleine d'espoir, ne tarda pas à obtenir de réponse de l'adolescent.

Tonimis sentit quelque chose dans sa tête, c'était une impression bizarre, mais il se sentit bien. Il entendit les paroles d'Altaïs et voulut s'exécuter... Mais il ne savait pas quoi dire.

_ Euh... Bonjour l'oiseau, tu m'entends ?

Il entendit comme un rire non moqueur et comprit que ses efforts furent reconnus par Altaïs. Il tenta de parler avec l'oiseau, mais rien n'arriva, si bien qu'Altaïs rompit la communication.
Quand ils ouvrirent les yeux, ils s'aperçurent que quelqu'un était dans la pièce: Antoine. Il semblait sous le choc:

_ Altaïs, tu es capable de communiquer avec ton esprit ? Mais , tu n'avais aucun pouvoir ?

Voyant que son amie était trop stupéfaite pour répondre, Tonimis se lança avec toute la franchise du monde:

_ C'est pourtant vrai, Altaïs connaît son don depuis un moment, mais elle n'a jamais eu le courage de vous le dire parce qu'elle avait peur de se sentir encore plus rejetée qu'elle ne l'était.

Tonimis lui parla de tous les problèmes qu'avait rencontré Altaïs sans pour autant qu'elle lui en avait parlé. Il s'aperçut qu'il connaissait à présent une grande partie de la vie d'Altaïs, phénomène certainement dû à la liaison qu'il venait d'avoir. Cela voudrait dire qu'elle connaissait elle aussi sa vie, ses problèmes, ses peurs et son... Il ne préféra même pas y penser et continua son récit en parlant du rêve qu'il avait fait tous les deux alors qu'ils ne se connaissaient même pas.

_ Alors vous êtes bien les chercheurs.
_ Que veux-tu dire ?, demanda Altaïs qui avait retrouvé sa voix.
_ C'est une longue histoire. Il y a très longtemps, cinq enfants sauvèrent le monde d'une menace sans nom qu'ils nommèrent par la suite le Mal. Ces enfants étaient venus de nulle part et tous ceux qui leur demandèrent le nom de leurs parents reçurent comme réponse: les dieux. Chaque enfant était le fils ou la fille d'un dieu, ils possèdaient des pouvoirs totalement différents de ceux des éléments et ils avaient pour mission de détruire le Mal alors que ce dernier venait d'atteindre son apogée. Ils se réunirent sous un signe: une rosace à cinq branches et créèrent trois portails pour emprisonner le Mal grâce à des symboles qui étaient propres à chaque chercheur. Malheureusement, si jamais une grande quantité de magie venait à se répandre sur Terre, le Mal aurait la possibilité de renaître, mais les héros renaîtraient également sous les mêmes traits d'antan pour le stopper à nouveau.

Antoine marqua une pause et continua sur une note moins joyeuse:

_ Certaines parties des textes les concernant sont effacées par le temps ou perdues. Toutefois, pour renouveler leur acte, les chercheurs doivent obligatoirement se retrouver et c'est ensemble qu'ils vaincront le Mal encore une fois à l'aide des symboles aujourd'hui perdus. Les jeunes que vous voyez dans votre rêve doivent être les autres chercheurs, mais vous ne devez être que cinq, alors pourquoi en voyez-vous six ?

Tonimis ne savait pas pourquoi et il espérait qu'Altaïs ait la réponse.

La mésange s’était envolée précipitamment à l’arrivée d’Antoine tandis qu’Altaïs, elle s’était figée à sa vue, et elle était bien contente d'être assise. Depuis qu'elle avait remarqué qu'elle pouvait parler aux animaux, jamais elle n'avait osé le dire à Antoine. Elle savait que son tuteur ne lui voulait que du bien, mais elle était surestimée. Par rapport aux autres elle était la moins douée, elle n'avait pas de famille, pas d'amis, comme une bête étrange, pas de pouvoir élémentaire... Tout cela elle ne parvenait pas à le dire à Antoine, pour ne surtout pas déranger, sans oublier que... elle avait peur de la réaction du mage. Et là, en l'espace d’à peine cinq minutes Tonimis avait tout révélé. Il savait tout alors qu'elle même n'arrivait pas à formuler toutes ces souffrances.

L'adolescente avait la tête baissée depuis que Tonimis avait révélé tout ce dont elle souffrait. Lorsque le magicien leur révéla la légende, elle se redressa, le visage baigné de larmes. * Je ne peux pas être une chercheuse, je ne sais déjà pas qui je suis, je ne connais pas mes parents et puis... les dieux et déesses savent tout normalement!*. En un flot intense et silencieux s'écoulait l'eau sur ses joues. La jeune fille venait de vivre trop de choses en si peu de temps. Elle était choquée, mais n'éprouvait aucun regret de toute cette succession d'événements.

* Tonimis a expliqué tout ce que j'avais sur le cœur et que je gardais pour moi, parce qu'il aimerait pouvoir lui aussi se libérer de ses secrets, et il a estimé qu'Antoine était celui à qui je devais tout dire. Lui est fort, il m'a aidé alors que ces souffrances et les secrets qu'il cache sont bien plus lourds à porter que les miens. En sachant qu’Antoine était celui qui était mon tuteur c’est à lui qu’il avait tout expliqué. C’est donc à moi d’être auprès de mon nouvel ami et de me montrer forte.*

Altaïs se redressa, les joues humides, mais combattive, elle pu retrouver la parole et déclara :
« _ Puisque nous avons autant de points communs avec les jeunes de cette légende, je veux bien accepter l’hypothèse que nous soyons des enfants de dieux. Mais cela signifie aussi que le Mal est revenu, et je n’ai pas l’intention de le laisser prendre le pouvoir.
L’adolescente avait prononcé ces paroles, aussi incertaine soit-elle sur ce qu’elle venait de dire, en fixant Tonimis du regard. Elle voulait qu’il comprenne qu’elle lui était reconnaissante des aveux qu’il avait fait pour elle, aussi douloureux et brutaux soient-ils. Elle avait conscience que cela devait être fait.

Cependant, elle préférait passer à autre chose, et elle reprit en s’adressant cette fois aux deux hommes présents.
_ Si nous sommes six au lieu de cinq chercheurs… il est probable que le Mal soit plus puissant. Mais, je suis sure d’une chose : il faut que nous nous retrouvons, peu importe que la légende se reproduise ou non . Antoine, serait-il possible de localiser et de communiquer avec les autres adolescents de nos rêves ? enfin… les autres possible enfants des dieux. Quand nous seront ensemble nous pourrons décider de notre façon d’agir.»
Altaïs se sentait soudainement plus mature et responsable, et était pressée d’entendre les réactions à ces paroles.

Tonimis eut comme un choc quand il apprit ses possibles origines.

_ Non, c'est impossible ! Je ne peux pas être l'enfant d'un dieu, mais tant d'arguments le prouvent...

Il vit alors le regard d'Altaïs et il en comprit le sens. D'un côté, elle le remerciait pour son intervention et d'un autre, elle lui fit comprendre que la chose était difficile à digérer pour elle aussi. Quand elle s'exprima, Tonimis fut impressionné par son nouveau comportement, elle semblait si sure d'elle à présent. Et elle avait raison, ils devaient retrouver les autres, il réfléchit à la manière de le faire, mais il fut coupé dans son élan par Antoine:

_ Localiser les autres va être complexe, je n'ai aucune information sur eux et leur parler risque d'être encore plus dur. Aurore pourrait peut-être les retrouver grâce à leurs auras puisqu'elles doivent ressembler aux vôtres.
_ Les auras ? Qu'est-ce que c'est ?, demanda Tonimis intéressé.
_ Ce sont les atmosphères qui entourent chaque être vivant et elles apparaissent surtout quand l'être possède de la magie.
_ Mais ne pourrions-nous pas nous servir de nos rêves pour les contacter ? Après tout, nous avons réussi à discuter avec eux la première fois, mais c'était si peu...

Antoine réfléchissait et Altaïs l'observait comme si elle essayait de comprendre ce qui lui passait par la tête.

_ Je vais voir ce que je peux faire.

Sur ces mots, Antoine prit congé et ils se retrouvèrent tous les deux plantés comme des piquets dans la chambre.

Altaïs était maintenant très génée par rapport à Tonimis, elle ne savait que faire de tout ce qu'elle avait appris sur lui. Toutes ses souffrances... L'adolescente était tiraillée entre deux choix... lui en parler ou ne pas le faire. Elle préféra le laisser se libérer seul, mais si cela prend trop de temps elle devra lui en parler. Désorientée, elle restait silencieuse, et elle préféra s'assoire de nouveau sur le lit. Elle essuya le reste des larmes sur ses joues.

Sentant le silence devenir pesant, elle se résolut à prendre la parole, et releva timidement la tête:
"_ Tonim...
_ Alta...
_ Oui? fit la jeune fille précipitamment, soulagée qu'il prenne la parole.
_ Non, vas-y toi, tu as commencé à parler avant moi.
_ Oh, mais ce n'est pas important! je voulais juste te rassurer. Nous les retrouverons tu sais!"

L'adolescente n'avait rien trouvé de mieux à dire, elle ne savait tout simplement pas quoi dire... Les deux orphelins n'étaient plus seuls, mais avaient perdu leurs maigres repères à cause de la légende. Et leurs secrets profondément enfouïs, à cause de l'expérience ratée de la jeune fille. Tonimis la fixait lui aussi, rendant Altaïs encore plus mal à l'aise.
"_ Et aussi, je voulais m'excuser pour tout à l'heure. Je n'aurais pas du tenter l'expérience alors que je sais très bien que je n'ai aucun talent en magie. Je t'ai fait prendre des risques inutiles."

Sentant qu'elle arrivait en terrain miné, ce qui trahissait ses pensées mais exprimait aussi ses inquiétudes au sujet de son ami, elle se rattrappa comme elle le put.
"_Euh... et toi? que voulais tu me dire?"

_ Je voulais simplement te remercier de l'expérience que j'ai vécue, même si ça a été un échec.

Il sourit avec beaucoup de sincérité et son sourire fit chaud au coeur à Altaïs.

_ Mais, tu ne sembles pas avoir le même point de vue que moi... Toutefois, tu as raison, nous les retrouverons. Nous allons explorer le monde de nos rêves cette nuit, nous les retrouverons peut-être... Avec de la chance, bien sûr, mais nous devons essayer par nos propres moyens.

Tonimis la regardait droit dans les yeux et lorsqu'il s'en aperçut, il détourna son regard en sentant le feu lui monter aux joues. Altaïs était la seule personne qui s'intéressait à lui, qui ne le considérait pas comme une source d'argent potentiel. Malheureusement, maintenant qu'il avait enchangé leurs souvenirs et leurs émotions, il ne savait pas si Altaïs savait ce qu'il ressentait exactement pour elle et elle n'en parlait pas...

Altaïs s'apprêtait à lui répondre mais le regard intense du jeune homme la paralysa, il faut dire qu'elle aussi ne pouvait cesser de le regarder. Elle avait l'impression de tout comprendre de lui maintenant, et d'être sur la même longueur d'onde. Comme si leur expérience avait créé un lien dans leurs pensées. Lorsque Tonimis détourna le regard en rougissant elle compris qu'il se sentait très gêné.
* Dommage que je ne puisse lire ses pensées, j'aurais su s'il attends que j'aborde le sujet de son passé ou non. Et peut-être que je pourrais comprendre la raison pour laquelle il m'a observé ainsi en rougissant.*

Ce regard fixe amena une autre idée dans l’esprit de l’adolescente…
*Serait-il possible qu’il ait trouvé en moi la personne à qui il pourrait se confier ? Dans ce cas il attend peut-être que je lui en parle… mais comment !!!!? Et si ce n’est pas ça du tout ! comment je vais faire !!!!*

Finalement après de nombreuses hésitations la jeune fille se lança, leur regard lui avait montré qu'ils étaient très proches l'un de l'autre en si peu de temps. Bien plus qu'elle n'aurait pu le croire au début. Gênée malgré tout de se qu'elle s'apprêtait à lui dire, elle prit la parole. Les mots se bousculaient dans sa bouche, si bien qu'elle prononça sa phrase, après un bafouillement hésitant, en un temps des plus brefs.

"_ Je... si-tu-veux-me-parler-de-ton-passé-pour-te-soulager-je-suis-prête-à-t'écouter, et... c'est-la-même-chose-si-tu-veux-parler-de-nos-parents."
Altaïs était maintenant aussi rouge que Tonimis.

Tonimis fut surpris d'entendre Altaïs parler aussi vite, quand il se tourna vers elle, il vit qu'elle était devenue rouge, surement gênée par ce qu'elle venait de lui dire. Il réfléchit à ses paroles et finalement lui répondit:

_ Mon passé est quelque chose que je préfère oublier, mais si tu y tiens, je peux t'en parler... D'après ce que je me rappelle, ma mère a toujours veillé sur moi et elle me chérissait plus que tout au monde, mais quand elle tomba malade, j'ai tout fait pour qu'elle aille mieux. Un jour, quand je suis rentré, un mage était là et ma mère était comme endormie, il s'est retourné vers moi et...

Tonimis étouffa un sanglot à la mémoire de ce souvenir et Altaïs posa sa main sur son épaule pour le réconforter. Puis, il continua:

_ Je me suis enfui, sans savoir ce que j'allais faire et personne ne m'a retrouvé. Je ne m'en rappelais pas avant, mais depuis que je te connais, tout me revient et même si c'est dur à avouer, je sais à présent qu'il faut que je garde ses souvenirs en moi. Mais j'ai tout oublié de la magie, car j'étais en colère contre ce mage qui est arrivé trop tard pour sauver ma mère et je ne me rappelle même pas de son visage...

Tonimis soupira. Cela lui faisait du bien de tout raconter, il se sentait libéré à présent.

_ Quant à nos parents, les dieux... Je ne veux pas en parler !
_ Mais pourquoi ?, demanda son amie.
_ Parce que si mon père est véritablement un dieu, il aurait pu sauver ma mère et m'éviter toutes ses souffrances. Il a aimé ma mère lui aussi et pourtant, il n'a rien fait pour elle. Alors je ne veux absolument pas parler de lui, il n'a rien fait pour moi et je lui en veux terriblement.

Tonimis s'arrêta avant d'en dire trop, il ne voulait pas s'énerver contre Altaïs alors qu'elle n'avait rien fait. Il respira à fond pour se calmer sous la regard attentif de sa confidente.

Altaïs était triste pour Tonimis même si elle savait déjà tout cela. Mais le fait qu'il se soit confié sans qu'elle n'ai a lui demander de nouveau lui prouvait bien qu'elle n'avait pas à regretter sa question. L'adolescent s'était libéré, peut-être même que c'est la première fois qu'il en parle à quelqu'un. Voyant qu'il avait une entière confiance en elle, celle qu'elle avait pour lui ne cessait de grandir. C'était nouveau pour elle car jamais personne n'avait été aussi proche d'elle, et leur franchise mutuelle lui faisait chaud au coeur.

"Merci, de m'en avoir parlé, je savais tout cela, comme toi tu savais pour moi. Mais le fait d'en parler permet de se libérer, en tout cas c'est ce que ça m'a fait quand tu as tout avoué à Antoine. C'est douloureux mais ça soulage."

Altaïs avait choisi de ne pas insister au sujet de leurs parents, elle comprennait très bien la rancune de son ami. Elle était légitime, après tout, elle aussi se sentait abandonnée, sauf que son père n'était pas mort à cause de sa déesse de mère, mais peut-être que c'était par sa faute qu'elle avait été abandonnée... mais elle ne saura peut-être jamais la vérité.

Se rendant compte qu'elle plongeait dans ses pensées de plus en plus profondement, laissant Tonimis seul, elle choisit de mettre fin à ces sombres pensées pour parler de choses utiles:
"Bon, il commence à se faire tard, nous devons aller manger et dormir, pour trouver les autres par nos rêves. Tu penses que l'on va arriver à les trouver? et comment? Peut-être même que nous n'allons même pas nous retrouver ensemble!"

Tonimis regarda par la fenêtre et s'aperçut que les soleils de Clémara étaient sur le point de disparaître à l'horizon.

_ C'est vrai qu'il est tard..., murmura-t-il.

Ils mangèrent ensemble en silence, ils avaient décidé de manger dans la chambre et non de rejoindre la salle de repas où tous les élèves se retrouvaient pour manger en convivialité. Tonimis savait très bien qu'Altaïs attendait une réponse à ses questions, mais il refléchissait et finalement il répondit en choississant bien ses mots:

_ Je ne sais pas si nous allons les trouver, mais nous ne perdons rien à essayer par nos propres moyens. Je ne sais pas pourquoi, mais je sais que nous allons nous retrouver dans le même rêve maintenant que nous sommes ensemble. Mais trouver les autres ne sera pas simple, nous ne connaissons rien de ce monde onirique.
_ Le monde quoi ?
_ Onirique, c'est-à-dire qui est dans nos rêves.
_ Comment le sais-tu ? Je n'ai jamais entendu ce mot, expliqua Altaïs.
_ Je ne sais pas, mais c'est comme si une voix me disait ce dont j'avais besoin de savoir... Donc je sais que nous allons nous voir dans nos rêves, mais je ne suis pas capable de savoir ce qui va se passer... Je te laisse, je vais dans ma chambre. Si j'ai raison, à tout de suite, sinon à demain.

Tonimis sortit et rentra dans sa chambre laissant Altaïs avec ses pensées.

Seule dans sa chambre Altaïs mis sa chemise de nuit et se coucha sur le dos en observant les étoiles qu'elle pouvait voir par la fenêtre. Son amie la mésange, ayant vu la lumière s'éteindre lança un piallement enjoué qui s'est avéré signifier: 'bonne nuit, demain nous jouerons!'. Cela donna espoir à l'adolescente mais eut aussi pour résultat de la plonger profondément dans ces pensées...

*Ce petit volatile est bien gentil mais il ignore ce qui se passe et visiblement cela le dépasse... Que va-t-il se passer demain? peut-être qu'Antoine et Aurore n'auront rien trouvé... Et si je n'arrive pas à rêver, comment pourrais-je faire avancer les recherches? J'espère que Tonimis a raison, que nous serons au moins tous les deux là-bas, car ce monde m'intrigue. Je n'ai pas l'impression d'y être en danger mais il est trop irréel et vide, et j'ai peur de ne pas pouvoir en sortir.*

Après un gros soupir, elle ferma les yeux, et c'est donc angoissée que la jeune fille s'endormit, en espérant accéder à la vie des rêves. Une fois parvenue à dormir, elle se sentit aspirée mais légère, comme suspendue dans le vide, elle ne sentait rien autour d'elle. Comme si son esprit était déjà ailleurs, suspendu dans les airs. Puis, elle perçut le sol sous son corps, Altaïs était étendue de la même façon qu'elle avait trouvé le sommeil. Sous ses doigts lorsqu'elle les bougea, elle sentit des chatouillements, ceux des brins d'herbes sur lesquels elle reposait.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit Tonimis qui lui tendait la main, pour l'aider à se relever.
"_ Je vois que tu es déjà là, et que tu avais raison, nous sommes bien réunis comme dans la réalité. J'espère que tu ne m'as pas trop attendue, j'ai eu du mal à m'endormir, mes pensées étaient assez productives... Bon, maintenant que nous sommes ici, comment fait-on pour les jumeaux, Yumé et Juichi? Je n'ai pas d'idées..."

Tonimis avait plongé directement dans un sommeil profond et il lui avait semblé se réveiller, mais lorsqu'il regarda autour de lui, il vit exactement le même paysage de son premier rêve: une clairière assez spacieuse où les arbres semblaient les protéger dans cet endroit. Il n'eut pas le temps de se poser des questions qu'Altaïs fit son apparition, il lui tendit la main, la souleva facilement et l'écouta avant de répondre:

_ Ca fait pas longtemps que je suis là, ne t'inquiètes pas. Pour les autres, je pense les attendre ici puisque tu es apparue dès que tu t'es endormie. Mais vu l'heure tardive qu'il doit être, je me demande si nous allons les voir. Après tout, nous devons tous nous retrouver, donc je pense que ce monde onirique est le moyen d'échanger des informations sans être proches pour autant, alors attendons...

Ils attendirent, attendirent, attendirent... Puis, n'y tenant plus, Tonimis abandonna:

_ Nous ne les verrons pas cette nuit, n'est-ce pas ?
_ Non, je ne crois pas, mais nous pourrions explorer les alentours.
_ D'accord.

Ils se levèrent et quittèrent la lumière de la clairière pour plonger dans l'obscurité de la profonde forêt. Ils regardaient partout autour d'eux et ils remarquèrent chacun que l'autre n'était pas rassuré, mais qu'ensemble ils continueraient. Ils réussirent finalement à sortir et découvrirent un paysage pour le moins étrange, ils avaient devant eux un désert immense alors qu'il sortait d'une forêt. Tonimis se tourna vers Altaïs et lui demanda:

_ Tu y comprends quelque chose, toi ?

Rien. Voilà ce qui se passait. Les deux adolescents discutaient, mais le but de leur rêve n'était toujours pas à leur portée. Ils marchèrent donc, parcourant ce monde onirique, mais sans jamais rencontrer âme qui vive, ce qui désespérait Altaïs. Lorsqu'il sortirent de la forêt ils ne virent brutalement plus qu'une étendue de sable: un désert. Tonimis, était, d'après sa question, aussi étonné qu'elle.

"Non, je n'y comprends rien, cela n'a pas de sens. J'ai étudié, mais jamais je n'ai vu, ou entendu parler de forêt dense cotoyer le désert. Après tout, nous sommes dans le monde des rêves, même si cela n'en ai pas totalement un, puisque nous sommes réels. Mais ce monde, lui, est irréel, donc c'est peut-être normal..."

Cette réflexion orale laissa Altaïs pensive. Une chose lui trottait dans la tête depuis déjà un petit moment, mais elle ne saurait dire depuis quand puisque le temps ne s'écoulait pas de la même façon dans ce lieu surnaturel. Au final, elle se résolut à confier une fois de plus ses craintes au jeune homme.

"Euh... peut-être que nous ne les retrouverons pas... s'il ne sont pas à Clémara, et qu'ils sont sur Terre par exemple, ils ne dorment pas forcément au même moment que nous. Tu penses que nous devrions dormir en journée jusqu'à trouver à quel moment nous pourrons les croiser?"

Un peu perdue elle ajouta: "Combien de temps cela fait que nous sommes ici? je n'ai aucune notion, et je crains que nous nous réveillions avant de les rencontrer à nouveau..."

Tonimis resta pensif à la réflexion d'Altaïs...

_ Tu as raison, je ne pense pas qu'ils soient à Clémara, mais quelle est la proportion de la Terre par rapport aux cinq royaumes ? Parce que, si elle est plus grande, nous ne pourrons jamais les retrouver rapidement. Nous aurons du mal à dormir la journée, donc ton idée n'en est pas une. Quant au temps qui s'est écoulé, je n'en ai aucune idée, il semblerait que nous soyons perdus dans ce monde tant que nous ne nous réveillons pas.

Tonimis observa le paysage autour de lui, il ne voyait rien qui puisse les aider à se repérer. Alors qu'il réfléchissait à leur situation, une question se posa:

_ Que se passera-t-il s'il nous arrive quelque chose dans ce monde ? Vu que nous sommes dans un rêve, il ne nous arrivera rien, n'est-ce pas ?

Tonimis vit Altaïs ouvrir la bouche pour répondre, mais une voix de femme le fit à sa place:

_ Ne croyez pas cela.
_ Qui êtes-vous ?
_ Quelqu'un qui vous veut du bien, une personne qui connaît l'un d'entre vous de sa naissance.

Tonimis eut une réponse directe, mais elle était impossible, il ne pouvait pas s'agir de sa mère... donc il s'agissait de...

_ Altaïs, c'est...

L'adolescente avait sursauté au moment où la voix féminine avait surgit de nulle part. Tout d'abord parce qu'elle avait eu peur, mais elle avait une impression de déjà vu qu'elle ne parvenait pas à s'expliquer. Mais lorsque cette voix avait à demi décliné son identité, Altaïs s'était figée, bouche bée.

*Cette voix, elle me semble douce, sage et harmonieuse, je suis sure de l'avoir déjà entendue! et même de la connaitre! Mais qui peut connaitre Tonimis ou moi de notre naissance? et si je la connais peut-être qu'il ne l'a connais pas puisque nous ne nous étions jamais vu auparavant!*

Altaïs n'eut pas le temps de réfléchir plus. Et sa panique augmenta d'autant plus lorsque l'adolescent s'adressa à elle:
"Altaïs, c'est..."
Dans sa tête ces mots résonnaient, et la réaction de Tonimis lui permit de comprendre ce qu'elle redoutait... Le jeune homme avait froncé les sourcils cherchant à comprendre: ce qui signifiait qu'il ne connaissait pas cette voix. Et surtout, il était maintenant en train de fixer son amie droit dans ses yeux, qu'il avait équarquillé.

Altaïs ne parvint à dire que deux mots: "... ma mère"
Puis, elle se mit à tourner sur place, espérant voir celle qui l'avait abandonnée, celle dont elle ne se souvenait pas, celle qui en avait fait une bête de foire, celle dont-elle avait hérité une tâche de naissance étrange et des pouvoirs différents des éléments.

Etourdie, elle tomba à genoux. Tonimis qui la regardait jusqu'à ce qu'elle tombe, maintenant s'approcha d'elle, et posa sa main sur son épaule, lui faisant comprendre qu'elle n'était pas seule.
Se sentant encouragée, elle chercha comment lui parler puisqu'elle ne savait pas comment réagir tant elle était perdue, en espérant que la voix féminine lui réponde.

"_ Je... vous êtes une déesse? ma mère?, ajouta-t-elle d'une petite voix
_ J'ai eu une fille dont je suis fière, il y a quinze ans...
*Alors c'est elle...*
_ Pourquoi? POURQUOI m'avez vous abandonnée?, cria Altaïs, désorientée.
_ De la souffrance... je suis désolée, mais tel était mon devoir."

Mais une chose traversa l'esprit de l'adolescente au même moment, elle regarda alors Tonimis qui gardait ses yeux baissés, fixant le sol.
*Alors... son père a bien laissé sa mère mourrir. Peut-être qu'il trouvera la même excuse du 'devoir', si son fils veut une explication si un jour nous le rencontrons.*
Percevant la tristesse de son confidant, elle se redressa, et pour l'apaiser, elle prit maladroitement son poing séré dans sa main.

Comprennant qu'elle n'obtiendrait pas de réponse au sujet du passé, et que cela faisait souffir son ami, elle choisit de parler du présent et du futur avec la divinité. Elle voulait aller au coeur des choses dès le début, afin d'en apprendre le plus possible puisqu'ils ne savaient pas à quel moment ils allaient se réveiller.
"_ Allons nous réussir à trouver les quatres autres?
_ Votre destin est de combattre le Mal ensemble.
_ Le Mal comment devons nous le vaincre et y parviendrons nous?
_ Vous ferez ce que vous aurez à faire, et sache que je ne peux pas lire l'avenir, et même si je le pouvais, je ne t'en ferais pas part.
_ Bien... Pourrons nous former le groupe au complet?
_ Ce monde onirique est là pour vous y aider.
_ Pourquoi sommes nous six au lieu de cinq, comme dans la légende du passé?
_ Parce que les choses ne se passent jamais de la même façon au cours de l'histoire.
_ Où se trouvent les jumeaux, Juichi et Yumé? Je veux dire... dans la réalité.
_ Ils sont..."

Altaïs n'entendit pas la fin de la phrase tandis que le début était presque inaudible. Et elle se sentit de nouveau aspirée dans le vide...